Se justifier ou donner du sens : une question de perspective

Se justifier ou donner du sens : une question de perspective

Quelle désagréable sensation que de devoir se justifier. C’est un mélange de soumission, de manque d’assurance, de sentiment d’être en tort, de devoir quelque chose à quelqu’un. « Oui, mais non, tu comprends, en fait, …parce que, …, voilà quoi », prononcé d’une petite voix fluette, le regard tourné vers le sol, les épaules tombantes et la boule au ventre.

Entendez-vous en filigrane le « pardon, désolé, j’ai fauté » ?

« Le Robert » donne comme définition de « se justifier » : « Prouver son innocence ». Prouver son innocence signifie que l’on est coupable de quelque chose et qu’il va falloir se remonter les manches pour démontrer notre innocence.

La réponse émotionnelle

La justification répond mécaniquement à un « pourquoi » : « Pourquoi tu as fait ça, pourquoi tu as dit ça, pourquoi tu n’as pas fait ça, pourquoi tu n’as pas dit ça ? ». Si on dézoome un peu, il se trouve que la justification est une réaction possible, mais qu’il en existe d’autres.

En effet, avant même d’ouvrir la bouche, il se passe quelque chose en soi : la situation envoie un stimuli auquel nous réagissons par une émotion, elle-même associée à une pensée. Par exemple :

  • La colère : « non mais de quoi je me mêle ! »
  • La tristesse : « puff, j’ai (encore) fait une bourde »
  • La peur : « oh punaise ! je vais avoir des problèmes ».

La colère n’invite pas à la justification mais plutôt à la contre-attaque. En filigrane, c’est plutôt un « va voir ailleurs si j’y suis ! ».

Identifier la réponse émotionnelle, en prendre conscience, c’est la première étape. C’est décortiquer ses automatismes pour pouvoir ensuite reprendre la main sur ses réactions.

Je vous recommande cet article sur les déclencheurs émotionnels afin d’identifier ce qui provoque telle ou telle réaction chez vous.

La réaction

Je vous propose deux axes de travail : le verbal et le non verbal. L’enjeu est de se mettre sur un pied d’égalité avec son interlocuteur, en sortant d’un échange coupable/juge, dominant/dominé.

Le corps

Avant d’ouvrir la bouche, redressez-vous : ouvrez les épaules, sortez la poitrine. Portez le regard loin devant vous, enfoncez les pieds dans le sol et respirez. Sentez-vous une différence ? Un peu plus d’assurance peut être ?

💡 Le saviez-vous ? La posture influe sur la chimie de votre corps. Ce brillant TED Talk d’Amy Cuddy vous propose des postures de puissance pour gagner en confiance.

L’esprit

Le corps : c’est fait ! L’esprit, c’est peut-être un peu plus difficile. En effet, maintenant que vous avez mis le doigt sur l’émotionnel, l’étape suivante est de vous connecter à votre être rationnel.

Tout comme pour le corps, une bascule s’opère dans votre posture. Au lieu de vous justifier, cherchez à donner du sens : pour cela, répondez à la question du « pour quoi » et non pas du « pourquoi ». Restez le plus factuel et rationnel possible.

💡 Donner du sens, c’est répondre à « pour quoi », se justifier, c’est répondre à « pourquoi ».

Exemple : « pourquoi tes articles de blog ne sont-ils pas plus étoffés ? »

  • Pourquoi : parce que je ne veux pas y passer trop de temps au détriment de ma famille, parce que je n’y prendrais plus de plaisir (vous noterez les tournures négatives)
  • Pour quoi : j’ai décidé de proposer des contenus rafraîchissants, au fil de mon inspiration et de mes envies (tournures positives + prise de position)

Je n’ai pas choisi cette question par hasard, puisque c’est celle qui me fait culpabiliser à chaque article écrit que je trouve un peu trop « léger ». C’est la question qui me donne envie d’écrire au début de chaque article : « désolée si vous trouvez que c’est un peu léger mais … ». En ayant conscience de ce mécanisme, je change de posture pour assumer mon choix et assumer le fait que ce blog ne plaira pas à tout le monde. Cette question, personne ne me l’a posée, c’est moi qui me dit que la barre n’est pas assez haute !

Et oui, parce qu’on est un peu maso, on va parfois se mettre tout seul dans une posture de justification au lieu de donner du sens. Il suffit qu’on se sente un chouilla coupable de ne pas avoir pu faire mieux, de ne pas être à la hauteur des attentes des autres (supposées ou avérées), pour s’embourber dans des explications confuses en incarnant une posture qui transpire la culpabilité. Pour en sortir, ce sont les mêmes réflexes à adopter : « pour quoi », donner du sens, rester factuel pour expliquer la situation.

Le rapport à soi et aux autres

Se justifier touche son rapport à soi-même et son rapport aux autres. C’est le crédit, la valeur qu’on s’accorde de soi à soi et de soi aux autres. C’est la fameuse estime de soi.

Tout d’abord, sachez que vous n’êtes pas parfait et que personne ne l’est. Si vous faites des erreurs, c’est une opportunité d’en tirer un apprentissage. La justification est liée au sentiment de culpabilité que vous ressentez. Ainsi, offrez-vous quelques autorisations : « j’ai le droit de ne pas être parfait », « j’ai le droit de faire des erreurs ».

Ne pas se trouver assez bien, se dévaloriser, c’est épuisant. Assez bien pour qui ? pour quoi ? Soyez vous-même c’est déjà beaucoup !

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Crédit photo : Moose Photos