Clarification des termes introvertis et extravertis
J’ai très longtemps pensé qu’une personne introvertie était quelqu’un de timide et qu’une personne extravertie était quelqu’un qui montait sur les tables en soirée.
Que nenni, je découvre avec stupeur que ces définitions ont été galvaudées par la société et que la réalité est bien différente. En effet, ces qualificatifs sont davantage en lien avec la manière dont nous rechargeons nos batteries :
- Un introverti se recharge plutôt lorsqu’il est seul, au calme, tourné vers son monde intérieur
- Un extraverti a besoin d’autres personnes, de stimulations, tourné vers le monde extérieur.
On peut être extraverti et timide ou introverti et sociable. Tout n’est pas tout blanc ou tout noir, en MBTI®, on ne dit pas « être » l’un ou l’autre, mais « avoir une préférence pour l’un ou l’autre ». Il existe d’ailleurs un terme pour définir l’entre 2 qui est « ambiverti ».
On peut donc très bien être extraverti et avoir besoin de moments au calme pour se ressourcer, par exemple avec la méditation. On évitera également l’amalgame « introverti = timide », qui sont deux choses bien différentes. En cherchant une photo pour illustrer cet article, j’ai tapé le mot « introverti » dans une banque d’images, qui m’a retourné des photos de gens seuls, abattus, tristes, isolés, qui se cachent. Ça en dit long sur les croyances de la société à ce sujet.
Introverti ou extraverti : aucun des deux n’est mieux que l’autre. Ce sont deux modes de fonctionnement différents ayant chacun leurs avantages et leurs inconvénients.
Introversion et télétravail
Avec l’arrivée en force du télétravail, l’équilibre a été bouleversé. Des introvertis ont découvert un confort à pouvoir travailler de chez eux au calme, au point de ne plus revenir sur site, au point de quitter leur entreprise pour une autre qui proposerait du 100% télétravail.
Au contraire, des extravertis ont pu rencontrer de grandes difficultés à être coupés du reste du monde. Les bureaux s’étant vidés avec le télétravail, il peut rester une forme de frustration à ne pas retrouver la richesse relationnelle de l’avant covid.
Les confinements ont permis je pense de mettre le doigt sur notre nature profonde. Personnellement, ça a été un électrochoc que de découvrir à quel point j’avais besoin d’échanger, de voir d’autres personnes. La 2D des visioconférences ne me permette pas d’assouvir correctement ce besoin.
La Dream Team
Dans cet idéal recherché de « dream team », connaitre les besoins de chacun permet de conscientiser les modalités relationnelles permettant aux équipiers de communiquer sur leur canal de prédilection.
Tourné vers son monde intérieur, l’introverti aura tendance à ne pas s’exprimer en premier, à ne pas exprimer spontanément ses émotions, pensées ou opinions. En revanche, il y a de grandes chances que lorsqu’il s’exprimera, il aura des choses particulièrement pertinentes à apporter au groupe, étant donné qu’il aura déjà étayé sa réflexion.
Tourné vers le monde extérieur, l’extraverti aura tendance à s’exprimer plus spontanément, à réfléchir tout haut, à réfléchir en parlant, en rebondissant sur les échanges avec d’autres.
L’enjeu en équipe est donc d’offrir leur juste place à ces deux types de personnes lors des moments en collectif : réunion d’équipe, brainstorming …
Réconcilier les deux mondes
Il faut donc réussir à offrir un temps de réflexion puis un espace d’expression sacralisé pour les introvertis, et une part de spontanéité et d’échange pour les extravertis. Le risque est que les plus extravertis occupent l’espace d’échange et que l’on passe à côté de la richesse des extravertis. L’autre risque c’est de trop restreindre les extravertis qui pourraient se sentir empêchés de s’exprimer. Voici quelques idées pour laisser chacun exprimer ses forces en réunion :
- Pour les introvertis
- Envoyer l’ordre du jour en amont, ce sur quoi le groupe devra travailler
- Proposer un temps de réflexion individuelle écrite en début de séquence
- Assurer un temps de parole équivalent à chacun
- Proposer la parole à ceux qui ne la prennent pas spontanément, sans jamais forcer
- Proposer des phases de convergence, où l’on recherchera à extraire les meilleurs éléments produits
- Pour les extravertis
- Proposer un icebreaker qui leur permet de s’exprimer
- Leur confier l’animation
- Demander des synthèses intermédiaires
- Prévoir des phases d’échange
- Proposer des phases de divergence, où la quantité sera privilégiée à la qualité.
Le plus simple reste de poser la question aux protagonistes : « de quoi avez-vous besoin pour participer à ce moment collectif ? ».
Crédit photo : Armin Rimoldi