Vous savez probablement déjà tout à ce sujet et les moteurs de recherche ont des tonnes et des tonnes de bases de connaissance et d’articles à ce sujet. Toutefois, je ne peux pas ne pas en parler. En effet, dans mon métier, tant en formation qu’en coaching, j’ai besoin d’avoir une panoplie d’icebreakers pertinents et efficaces. Par ailleurs, il me semble important de reposer quelles règles de base pour éviter certains écueils.
- Pourquoi utiliser un icebreaker ?
- Les écueils à éviter
- Inclusion ou manipulation ?
- Quelques exemples
- Les débriefer
Pourquoi utiliser un icebreaker ?
Comme son nom l’indique, un IceBreaker permet de briser la glace : c’est un moment court dont l’objectif est de faciliter ce qui va suivre en créant une première connexion. Je lui préfère le terme d’inclusion : c’est un moment où on signifie à chaque participant l’importance qu’il a dans le groupe.
Je les range dans quatre natures de connexions possibles :
- Se connecter avec d’autres personnes : créer une première interaction entre les participants, qu’ils se connaissent déjà ou non
- Se connecter à un sujet : faire réfléchir les participants à un sujet donné, en lien avec ce qui suit
- Se connecter à un mindset : vous menez un atelier de créativité ? Ne vous privez pas d’un icebreaker qui va initier la pensée créative de vos participants
- Se connecter à son énergie : en phase de digestion, un icebreaker qui fait bouger les personnes dans l’espace sera d’une aide précieuse.
Les écueils à éviter
“Un truc fun “
L’iceBreaker est parfois vu comme “un truc fun”, qui n’a pas forcément d’intérêt, qui fait perdre du temps, qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Il ne faut pas le mettre à toutes les sauces, dans tous les contextes. Faites preuve de discernement dans le choix de vos iceBreakers.
Alors oui, un icebreaker “fun” c’est quand même sympa. Mais ce n’est pas l’objectif premier de l’icebreaker. Si par exemple vous souhaitez créer un moment de convivialité en début de réunion d’équipe par exemple, avec un jeu, alors appelez ça un jeu.
Sécurité psychologique
“Allez, maintenant vous allez tous faire la poule à la queu leu-leu en faisant le tour de la salle !”. Que feriez-vous dans cette situation ?
a- C’est vous le premier qui vous lancez
b- Pourquoi pas, vous suivez le groupe
c- Vous n’avez pas du tout envie mais vous suivez le groupe
d- Vous restez sur le côté.
Avec l’effet de la pression de conformité, il est probable que si une partie du groupe se lance, le reste suive sans en avoir forcément envie. Si quelqu’un reste sur le côté, il sera probablement stigmatisé comme rabat-joie.
Or, un iceBreaker ne doit jamais mettre mal à l’aise les participants ! Ce serait d’ailleurs tout à fait contre-productif. Si vraiment vous choisissez un icebreaker pour lequel vous estimez prendre un risque de cette nature, il conviendra de prévoir une manière de valoriser la participation autrement, en étant observateur ou co-animateur par exemple. En effet, ne négligez pas le caractère inclusif de votre icebreaker : permettre de ne pas faire la poule c’est bien, stigmatiser la personne en la mettant à l’écart, c’est raté.
J’ai récemment coaché une équipe dans laquelle, certains membres ont saisi l’opportunité de dire aux autres “arrêter de nous stigmatiser parce qu’on ne participe pas aux icebreakers. Si on a envie de participer, on participera. Et par ailleurs, on n’a pas besoin de ça pour se sentir inclus dans l’équipe”. A bon entendeur …
Sécurité physique
La proximité physique est à prendre en compte également : certains ateliers visant à faire émerger des dynamiques de groupe peuvent nécessiter de la contiguïté ou du contact physique qui n’est pas du goût de chacun.
Inclusion ou manipulation ?
Les travaux sur les neurosciences sont particulièrement intéressants à ce propos :
– Faire froncer les sourcils à quelqu’un va le rendre plus concentré
– Faire sourire en tenant un crayon entre les lèvres et le nez va rendre de meilleur humeur
– Les postures de puissance vont déclencher des réactions chimiques qui augmenteront le taux de testostérone de 20 % et baisseront le taux de cortisol de 25 %, ce qui amènera une sensation de force et une plus grande adaptabilité au stress.
Et oui, l »icebreaker, en tant que connecteur, a bien pour but de conditionner les participants à ce qui va suivre : s’ouvrir pour des travaux en collectif, lâcher-prise pour de la créativité, être en énergie pour mobiliser la participation…
C’est encore une fois la raison pour laquelle le choix que vous ferez doit être judicieux et fait en conscience, sans laisser personne sur le carreau.
Quelques exemples
Pour se connecter aux autres
Portraits croisés
🎯 Initier un échange privilégié deux à deux puis présenter son binôme au groupe
📑 Déroulé :
1/ Faire des binômes (et un trinôme si nombre impair) : pendant 10mn, deux par deux, les participants font connaissance. Si les personnes ne se connaissent pas, c’est l’occasion de se présenter. Ensuite, proposez une ou deux questions en lien avec ce qui va suivre :
- Qu’attends-tu de ce team building ?
- Qu’est-ce qui fera que cette journée sera réussie ?
- Dans quel état d’esprit es-tu ?
- De quoi as-tu besoin pour que cette journée se passe bien ?
2/ Chaque participant présente ensuite son binôme au reste du groupe.
🧐 Pourquoi ça marche : parce qu’il est beaucoup plus facile de prendre la parole dans un petit groupe (ici un groupe de 2) que devant une assemblée; parce qu’il est plus facile de parler de l’autre que de parler de soi
Photo-expression
🎯 Faciliter l’expression sur un sujet donné, par le biais d’images
📑 Déroulé :
1/ Disposer un ensemble d’images sur une table
2/ Poser une question au groupe :
– Comment je me sens ici et maintenant
– De quoi j’ai envie pour la journée à venir
– Comment je vais moi m’impliquer pour qu’elle soit réussie
– …
3/ Chacun leur tour, les participants s’expriment en présentant la ou les images qu’ils ont prises. Je vous recommande cet article plus complet, contenant plusieurs supports.
🧐 Pourquoi ça marche : parce que les images servent d’intermédiaire entre la pensée et la parole
Emotions et besoins
Dans un registre similaire, j’utilise les cartes Comitys sur les émotions et les besoins :
- Dans quel état d’esprit êtes-vous ce matin ?
- De quoi avez-vous besoin pour que cette journée se passe bien ?
Triple objectif avec cette activité : Mettre les mots sur ses ressentis et ses besoins, découvrir ceux des autres, donner du vocabulaire aux participants pour les ateliers qui suivront dans la journée.
Pour se connecter à un sujet
Photo-expression : lors d’un atelier à l’ICAM, j’ai proposé aux étudiants un icebreaker pour leur permettre de s’exprimer sur ce que c’est pour eux un icebreaker : cela permet de laisser les participants d’initier une réflexion sur le sujet abordé, en utilisant la photo-expression
Worldcafé
🎯 Explorer un sujet sous plusieurs angles
📑 Déroulé :
1/ Préparez 3 questions sur 3 boards différents, en lien avec votre thématique et formez 3 groupes
Exemple lors d’un team building :
– Que signifie « faire équipe » d’un point de vue individuel ?
– Que signifie « faire équipe » du point de vue du collectif ?
– Que signifie « faire équipe » du point de vue du manager ?
2/ 3 itérations de 5mn : chaque groupe passe 5mn sur chaque board, en poursuivant les travaux des groupes précédents. Les groupes tournent entre les boards à chaque nouvelle itération.
4/ Débrief du contenu des boards
🧐 Pourquoi ça marche : ça amène les participants à réfléchir au sujet et à se nourrir des apports du groupe
Pour se connecter à un mindset
Mr l’expert
🎯 Se connecter à sa créativité
📑 Déroulé :
1/ Chaque participant se voit attribuer un domaine d’expertise. Plus c’est incongru, mieux c’est (expert “signe balance ascendant verseau”, expert “chats albinos”, expert “balles de ping pong”, expert “mythologie mythologique”, expert “encodage des caractères spéciaux”, expert “grammage papier” etc etc, faites-vous plaisir !)
2/ En binômes, chacun endosse successivement le rôle de reporter et le rôle d’expert (2*5mn).
3/ La conversation commence par “Mr l’expert, parlez-moi de votre expertise”, puis l’échange évolue en fonction des questions du reporter et des réponses de l’expert.
🧐 Pourquoi ça marche : parce qu’on se prend complètement au jeu, que c’est drôle et que ça fait du bien ; parce que ça stimule la créativité des participants, tant pour développer son expertise que ses questions ; parce que ça stimule l’accueil et le rebond des idées des autres
Merci Benjamin Cabane qui m’a fait découvrir cet atelier à L’Agi’Lille 2022.
Pour se connecter à son énergie
Dingbats
🎯 Créer de l’émulation
📑 Déroulé : diviser les participants en petits groupes de 5 personnes maximum et donner à chaque groupe une fiche avec plusieurs dingbats à résoudre. Le premier groupe qui termine, a gagné
🧐 Pourquoi ça marche : parce qu’on met toute son énergie pour gagner face aux autres groupes en stimulant l’esprit de compétition
Source : https://www.lecameleon.eu/les-dingbats.php
Exemple de fiche : Fiche dingbats
Bâton d’hélium
🎯 Mobiliser les participants dans l’espace et initier un travail de cohésion
📑 Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=WvTnQ0uMsOM&t=113s
🧐 Pourquoi ça marche : parce que ça commence par un effet de surprise (“ah non ! le bâton monte!”), ça engage le corps et l’esprit, ça oblige à échanger au sein du groupe pour se synchroniser
Les débriefer
« Sans transition, on passe à l’atelier suivant » : ça, vous oubliez. Il faut débriefer votre icebreaker avec quelques questions clés, à picorer en fonction de ce que vous avez animé :
– Comment ça s’est passé pour vous ?
– Est-ce que c’était facile, pas facile ?
– Est-ce que vous étiez à l’aise ?
– Comment vous êtes-vous organisé ?
– Qui a pris le lead ?
– Est-ce que tout le monde a pris la parole ? a participé ?
– Quelles réflexions ont émergé ?
– Quels comportements avez-vous adopté ?
– Qu’est-ce que ça vous invite à faire pour la suite ?
– Dans quelle énergie êtes-vous là-maintenant ?
Amusez-vous bien et que je ne vous surprenne pas en train de faire faire la poule à vos participants !
Crédit photo :Image par Michal Jarmoluk de Pixabay